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Le présentéisme, un concept tout en nuances

Le travail, c'est la santé ? Oui, mais encore faut-il que l’environnement de travail y soit propice! Et c’est ce que démontrent désormais les chercheurs dans le domaine.  

Nous connaissons la notion d’absentéisme : un employé ne se présentant pas au travail de façon répétée. C’est facilement identifiable et mesurable.  Mais le présentéisme? Ce phénomène est beaucoup moins facile à dépister, et pourtant très répandu dans le monde du travail. Mme Caroline Biron, M. Ps., Ph.D., de l’université Laval, nous a présenté dans un webinaire  les résultats de recherches toutes récentes qu’elle a menées sur le sujet avec son équipe. On peut désormais répertorier ce phénomène en plusieurs catégories différentes. Pour le définir simplement, il s’agit de se présenter au travail malgré un problème de santé physique ou psychologique, qui nécessiterait de prendre du repos ou de s’absenter. 

Sandra Salvoni, M.Sc., CRHA nous a indiqué dans un autre webinaire  sur le même sujet, que 80% des employés ont déclaré avoir déjà fait du présentéisme, c’est-à-dire que la grande majorité d’entre nous participons à ce phénomène sans pour autant en être conscient. Pour couronner le tout, ce phénomène coûte non seulement cher à la santé de la personne concernée quand elle tombe dans l’excès, mais peut coûter cher à l’entreprise : baisse de productivité, dégradation des relations avec les collègues, voire les clients.

Quatre types de présentéisme ont ainsi été identifiés : le présentéisme fonctionnel, thérapeutique, dysfonctionnel et sur-engagé. Les niveaux de santé et de performance de l’employé en sont les deux critères principaux déterminants.

Avec le présentéisme dysfonctionnel, à la fois la performance et la santé de l’employé se détériorent, la dégradation de l’une pouvant avoir des impacts sur l’autre. D’autre part, le type de présentéisme que nombre de gestionnaires connaissent, consiste en un sur-engagement au travail, malgré un état santé - souvent psychologique - en piètre état (détresse psychologique, accompagnée de troubles du sommeil par exemple). 

En revanche, un employé souffrant de maladie bénigne, disons un rhume, et se présentant au travail, peut maintenir somme toute une bonne performance et ne met pas sa santé en jeu (présentéisme fonctionnel). Enfin, un pair-aidant qui doit soutenir un membre de sa famille et qui se présente au travail, si son environnement est bienveillant, affichera probablement une performance moins élevée que d’habitude, mais maintiendra des liens sociaux qui seront importants pour sa propre santé psychologique. 

Se présenter au travail malade, dans une certaine mesure et lorsque le climat de travail y est favorable, n’est donc pas si mauvais pour la santé, au contraire! 

Rendre son lieu de travail propice à la santé, chacun à son niveau. 

Mais alors, à qui incombe la responsabilité de développer ce climat favorable? La réponse est simple : à tous! De l’intéressé lui-même, à la haute direction, en passant par les gestionnaires et les collègues. Chacun à notre niveau, nous avons le pouvoir d’agir pour rendre le climat de travail sain, être à l’écoute, et développer un espace de sécurité psychologique. Dans certains cas, un climat sain et bienveillant pourrait même contribuer à favoriser une guérison, ou à développer un sentiment de mieux-être d’un employé.

Comment le déceler? 

Comme dans bien des domaines, la clé est la communication. Or le message envoyé est parfois  très subtil, voire caché, par peur d’être stigmatisé, de faire aveu de faiblesse, d’être perçu comme celui qui ne pourra pas remplir ses objectifs. Caroline Biron nous rappelle pourtant qu’une personne en détresse psychologique restant au travail aujourd’hui (en présentéisme dysfonctionnel) risque de devenir encore plus malade demain. Avant d’en arriver là, posons au quotidien des gestes de bienveillance. Bien communiquer, c’est aussi savoir écouter, lire les signaux et y répondre en se préoccupant sincèrement de l’autre. Le point de départ est de constater tout changement de comportement, aussi minime soit-il. Quelques exemples de signes détecteurs : baisse de concentration, agressivité, fatigue, … Restons donc vigilants envers ces messages subtils.

Qu'en est-il du télétravail? 

En cette période où beaucoup se sont retrouvés à travailler de la maison, le télétravail n’échappe pas au présentéisme. Pour certains, les conditions de travail auront même pu se détériorer : augmentation de la charge de travail, pression accrue, stress face à l’incertitude. Mais les signaux, du fait de la distance, en seront peut-être encore plus discrets. 

Pour finir, gardons en tête que nous avons tous notre part à jouer pour entretenir la santé de tous. Les experts sont unanimes : rester attentifs les uns aux autres, et travailler à maintenir un espace de sécurité psychologique font partie des ingrédients essentiels de la recette gagnante.

Dans ce document, le genre masculin est utilisé comme générique, dans le seul but de ne pas alourdir le texte.

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