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La Roue de la médecine autochtone : une inspiration pour la culture organisationnelle ?

Jonathan Pinette-Grégoire, membre de la communauté de pratique SMET en Côte-Nord, a généreusement accepté de nous présenter la Roue de la médecine autochtone, laquelle étant une belle piste d’inspiration pour développer une culture organisationnelle davantage axée sur l’humain. Apprenez-en davantage dans cet article.

Nous aimons bien dire que les membres de nos communautés de pratique sont expert-e-s en santé/mieux-être au travail, en étant expert-e-s de leur propre milieu et en détenant un bagage et des connaissances uniques. Tous-tes peuvent ainsi contribuer au savoir collectif par leur apport au sein du groupe. C’est ce que nous avons pu mettre en œuvre lors de notre dernière rencontre, avec Jonathan Pinette-Grégoire, directeur des services du volet OBNL de la Société de développement économique de Uashat Mak Mani-Utenam (SDEUM) et membre de la communauté de pratique SMET en Côte-Nord.

La culture

Lorsque l’on parle de culture, on réfère aux normes implicites dictées depuis l’enfance, aux bases de l’expérience collective et à l’ensemble de règlements de la vie en communauté. Celles-ci diffèrent bien sûr d’une culture à l’autre. Il est nécessaire de prendre un pas de recul pour adresser la sensibilité culturelle avant de se lancer dans la Roue de la médecine autochtone.

Les phases du développement de la sensibilité culturelle sont :

  • Déni
  • Défense
  • Minimisation 
  • Acceptation
  • Adaptation
  • Intégration
 

Il faut reconnaître l’effet pervers de l’historique de colonisation, de discrimination et du trauma transgénérationnel sur les problématiques actuelles psychosociales et de santé des personnes et des communautés autochtones au Québec et au Canada. Ceci implique également de faire une place aux référents culturels de ces nations

Si l'on pense aux Innus, ils se déplaçaient en fonction de la migration du caribou, une ressource très importante pour se nourrir et se vêtir. C'est un peuple qui vivait au rythme des saisons. Dans ce mode de vie communautaire, l’entraide était nécessaire. Chacun-e devait impérativement contribuer au bien-être de sa communauté. Le savoir se transmettait par les paroles, les histoires, les légendes (ex: récit de Tshakapesh) et par la pratique plutôt que par l’écriture.

Après l’arrivée des Européens, il s’en suivit l’assimilation des Autochtones et la culture traditionnelle s’est graduellement effacée, ne laissant que peu de traces pour propager ce savoir. Des chercheurs-ses ont alors tenté d'en apprendre davantage sur le mode de vie autrefois vécu, sur leurs pratiques et sur leurs croyances, et c’est à ce moment que la forme du cercle est ressortie. Il s'agit d'une forme très importante dans la culture autochtone, car elle est la forme fondamentale, le début de la vie et représente les cycles naturels. 

La Roue de la médecine 

Partie intégrante des savoirs traditionnels et de la culture autochtone, la Roue de la médecine est un symbole de guérison utilisé lors de cérémonie ou dans la vie quotidienne, afin de répondre à divers problèmes. Cette Roue restaure l’équilibre physique, psychique, émotif et spirituel. Comparativement à la pyramide de Maslow* où il y a une gradation, il n’y a ici pas de linéarité mais plutôt un cycle qu’il faut toujours entretenir et qui évolue à travers les périodes de la vie, selon nos besoins individuels évoluant à leur tour selon les périodes.

L’objectif est donc de maintenir un équilibre entre les 4 sphères. S’il y a un surplus dans une sphère, il est nécessaire de rebalancer avec les autres.

Une nouvelle version propose également le cercle avec les couleurs qui s’entremêlent, pour signifier qu’il n’y a pas de séparation entre elles et que tout est interrelié. Ce sont des vases communicants.

  • Le jaune est le point de départ représente le physique et les besoins physiologiques ;
  • Le rouge représente le cœur, l’amour, l’appartenance et la fierté ;
  • Le noir représente le mental, l’analyse, le diagnostic ;
  • Le blanc : le spirituel. Il réfère à la relation par rapport à la vie, au supérieur, dans une relation donnant-donnant.

En organisation

L’approche de la Roue de la médecine est complémentaire à d’autres approches, comme Insights Discovery** ou Dynamix. On y voit aussi un parallèle avec la définition de la santé globale du Groupe entreprises en santé, qui affirme qu’un-e travailleur-se en bonne santé est une personne qui est bien dans sa tête (santé psychologique), dans son corps (santé physique), dans son équipe de travail (santé sociale) et dans sa tâche (santé spirituelle).

Adresser chacune des sphères peut devenir une excellente manière de faire évoluer la culture d’entreprise en faveur de la santé et du mieux-être. La Roue permet de mieux évaluer, comprendre et répondre aux besoins individuels.

Voici quelques façons d’intégrer les différentes sphères de la Roue dans les milieux de travail :

  • Offrir de la formation pour solliciter le mental (noir)
  • Réduire la sédentarité pour solliciter le physique (jaune)
  • Élaborer des mesures de soutien pour favoriser la pratique d’activité physique (jaune)
  • Organiser des activités en équipe (activité sociales, consolidation d’équipe) pour toucher l’émotionnel (rouge)
  • Prendre soin de sa propre santé, car l’amour de soi reste plus important que l’amour que l’on offre aux autres (rouge)
  • Travailler à développer une philosophie d’entreprise inspirante pour intégrer le volet spirituel (blanc)
  • Amener une réflexion sur le sens au travail, et l’adéquation avec nos valeurs (blanc)
 

À noter que certains éléments favorisent l’intégration des 4 sphères. Pour illustrer cette idée, voici quelques exemples :

  • Il est plus facile de travailler le volet émotionnel en petites équipes. Les moyennes et grandes entreprises peuvent donc penser à créer des activités permettant de développer une bonne synergie auprès de plus petites équipes dans leur organisation, pour renforcer les liens entre celles et ceux qui collaborent quotidiennement;
  • Il est essentiel d'instaurer un climat d’ouverture et de la confiance au sein de l’équipe pour pouvoir intégrer ces principes. En tant que gestionnaire, il est important d’être attentif aux besoins des gens, décoder le non-verbal, pour être en mesure de créer ce climat;
  • Pour faire évoluer la culture organisationnelle, il faut développer l’intérêt vers le collectif et développer le réflexe de prendre soin les uns des autres. L’éthique de la sollicitude (care) peut d’ailleurs devenir une belle source d’inspiration à cet égard.
  • La culture organisationnelle est encore beaucoup axée sur les résultats, les livrables, mais il manque le côté humain. Nous considérons que l’humain devrait toutefois être au centre des choix de la gouvernance. Nous pouvons travailler à humaniser les indicateurs de performance*** de nos entreprises, en regardant de nouveaux aspects, comme les comportements de citoyenneté organisationnelle (Cartographie de l’écosystème d’innovation en SMET au Québec, section 3.5).  
 

Nous sommes actuellement dans une phase de transition où l'on commence à se soucier de plus en plus de la santé et du mieux-être des individus en milieu de travail, mais les changements organisationnels prennent du temps. Heureusement, dans tous les milieux, il reste possible d’initier le mouvement et de se contaminer positivement. C’est ce que notre communauté tente de propulser à travers nos échanges, nos outils, dans nos organisations et auprès de notre entourage.

« Si je prends soin de mon employeur, il va prendre soin de moi » Jonathan Pinette-Grégoire
 

Sources : 

*Besoins et motivations : une nouvelle pyramide de Maslow ? (Revue Gestion)

**Dites-moi qui je suis (La Presse)

***Humaniser les tableaux de gestion : quelques Indicateurs pour briller au boulot (Carrefour RH)


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