Projet de recherche : cartographie de l'écosystème d'innovation SMET

S’il y a bien un événement soudain et hors de notre contrôle qui est venu perturber le statu quo de notre industrie, c’est bien la pandémie ! Cette période, relativement éprouvante pour bon nombre d’individus, a définitivement mis en lumière un enjeu émergent : la santé mentale de tous-tes a été fragilisée. Les organisations se sont donc vues jouer un rôle nouveau : sensibiliser, éduquer et outiller les employé-e-s à ce phénomène.

De multiples transformations de l’environnement de travail ont eu lieu. Nombreuses sont les organisations qui ont déployé des pratiques innovantes en SMET pour prendre, au mieux, soin des leurs. Quelles sont ces pratiques organisationnelles nouvelles ou améliorées apparues à la suite de la pandémie ? Qui sont ces acteurs-trices innovant-e-s ? Existe-t-il un écosystème d’innovation émergent en santé et mieux-être au Québec ? Qu’en est-il de la santé durable au travail ? C’est à partir de ces questions, issues du Think Tank SMET, que le Groupe entreprises en santé a mandaté une étude dans le but de cartographier l’écosystème d’innovation en SMET au Québec. 

Mise en contexte

Initiée à l’automne dernier, cette étude a été menée par Mosaic HEC Montréal, pôle de management de l’innovation et de la créativité, en collaboration avec Numana, macro-accélérateur d’écosystème d’innovation et technologies – via son chantier « société et santé territoriale ».

À travers celle-ci, l’effet de la pandémie sur les organisations a pu être résumé en deux temps : 

• Premièrement, la crise pandémique a entraîné un besoin impératif d’innover dans le support des interactions sociales, afin de faciliter un changement organisationnel et social efficace (Sousa et Alberio, 2020) ;
• Deuxièmement, la pandémie a eu pour effet de revigorer l’importance et la valeur de la coopération ainsi que celle de la collaboration (Sousa et Alberio, 2020). 

Par conséquent, on observe des conditions favorables à l’émergence d’un écosystème d’innovation en santé/mieux-être au travail (SMET) au Québec, ce que l’équipe du Groupe ES a voulu théoriser. Ce projet d’envergure avait donc pour objectifs principaux : 

1. D’identifier les acteurs-trices actuel-le-s et potentiel-e-s requis-es au sein de cet écosystème, ainsi que les relations entre ces derniers-ères ;

2. D’outiller le Groupe ES ainsi que ses partenaires d’une cartographie de l’écosystème d’innovation en SMET au Québec.

Aperçu des résultats

La cartographie de l’écosystème d’innovation en SMET a permis de mettre en lumière les critères pour innover en SMET, ainsi que les enjeux et les problématiques systémiques de l’industrie. 

Critères pour innover en SMET

Avant même de pouvoir être innovante en SMET, la culture organisationnelle doit contenir des caractéristiques préalables à l’innovation, telles que : 

• Accueillir favorablement le changement ;
• Comprendre le sens du changement ;
• Affronter la peur de l’inconnu ;
• Être engagé-e dans l’évolution des compétences ;
• Avoir un détachement envers les anciennes façons de fonctionner ;
• Avoir une confiance ancrée au sein de l'organisation et entre collègues ;
• Avoir une mobilisation commune envers la mission de l'organisation.

Ensuite, pour qu’une organisation puisse innover en SMET, elle doit :

• Avoir des employé-e-s, des gestionnaires et une gouvernance mobilisé-e-s envers la SMET à au moins 70% ;
• Utiliser le « care » comme levier à la mobilisation envers la responsabilité partagée, à savoir individu/organisation ;
• Avoir une forte culture SMET.

Critères pour une culture mature en SMET 

Le projet de recherche a également permis de soulever onze critères déterminant une culture mature en santé/mieux-être au travail (SMET) : 

Au niveau communicationnel

• L’organisation définit des objectifs quantifiables avant de mettre en œuvre ses initiatives en santé et mieux-être ;
• Le sujet de la santé et du mieux-être du personnel fait souvent l'objet de discussions dans l'organisation. Les communications à ce sujet sont fréquentes, efficaces et adaptées à la culture de l’entreprise ;
• Il est possible de promouvoir efficacement la santé et le mieux-être au travail dans l’organisation.

Au niveau du programme SMET 

• Des ajustements sont apportés à la suite de l'évaluation des initiatives proposées ;
• Les initiatives de santé et mieux-être sont évaluées périodiquement, afin de mesurer l’atteinte des objectifs fixés et basés sur le taux de participation et satisfaction des employé-e-s ;
• Il existe un programme complet de santé et mieux-être, accessible à tous-tes, à l'intérieur duquel des mesures individuelles de santé sont proposées.

Au niveau organisationnel 

• L’organisation met en place une démarche participative qui implique toutes les parties prenantes (gestionnaires, employé-e-s, syndicats) ;
• L’organisation prend soin de déterminer les besoins en santé et mieux-être avant de mettre en œuvre ses initiatives ; 
• Comme pour tout type de projet, l’organisation met en place un processus structuré pour chaque type d’activité en SMET, qui implique des étapes bien définies (développer un plan d’action, déterminer les ressources humaines et financières nécessaires, établir un échéancier, des objectifs, etc.) ; 
• L’organisation entreprend une démarche intégrée qui comporte des actions dans plusieurs sphères connues pour leur impact sur la santé globale (physique, mentale, sociale, financière, spirituelle), notamment les saines habitudes de vie, la conciliation travail/vie personnelle, les pratiques de gestion et l’environnement de travail. Cette démarche SMET est intégrée à la planification stratégique de l’organisation ;
• L’organisation définit des objectifs quantifiables avant de mettre en œuvre ses initiatives en santé et mieux-être.

 

Freins à l’innovation en SMET

Pour terminer, ce projet de recherche a également permis de déceler les principaux freins à l’innovation en SMET, qui sont : 

• La résistance au changement qui, dans certains cas, peut constituer un obstacle majeur à la mise en place de pratiques innovantes en matière de santé et de mieux-être ;
• L’écart entre la théorie et le terrain, encore très présent et dont la fracture semble très grande puisqu’il sera nécessaire de rattraper un grand nombre d’années de retard ;
• La littératie numérique et littératie en santé, qui fait référence à la capacité d'une personne à comprendre et utiliser l'information en utilisant les technologies et à sa capacité de repérer, comprendre, évaluer et utiliser l'information pour maintenir ou améliorer sa santé. Selon Santé Canada, plus de 40 % des adultes canadiens ont une faible littératie de base, ce qui suggère que de larges segments de la population auront probablement un accès limité aux ressources électroniques en santé. Par conséquent, une faible littératie numérique/santé peut entraver  l'adaptation des connaissances en santé à l'ère numérique, capacité essentielle pour favoriser l’innovation en SMET.

En conclusion, ce projet de recherche a permis de mieux comprendre l'écosystème SMET au Québec et de mettre en évidence les critères et les freins à l'innovation au sein de celui-ci, dont l'absence d'un orchestrateur. Encore en phase d’émergence, cet écosystème est actuellement fragmenté et caractérisé par de multiples relations bilatérales entre deux organisations, ce qui occasionne une création de chaînes de valeur d’innovation fermée plutôt qu’ouverte*.  Le rôle d’orchestrateur ou de gouvernance de l’écosystème permettrait à celui-ci de se développer adéquatement afin de favoriser tous ses acteurs, et ainsi créer de la valeur pour la SMET au Québec. 

Néanmoins, ces constats démontrent un grand nombre d’opportunités et fournissent des pistes de réflexion et d'action pour les organisations du milieu et les décideurs québécois, soulignant l'importance de la SMET dans le contexte actuel et la nécessité de développer des pratiques innovantes ensemble pour soutenir la santé psychologique des employé-e-s et favoriser leur santé globale. 

 

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Pour en savoir plus sur ce projet de recherche, nous vous invitons à consulter notre page web dédiée en cliquant ici. Vous pourrez notamment vous référer au rapport complet de cette étude. 

* Dans un écosystème d’innovation mature, les multiples relations se créent entre tous les acteurs de l’écosystème, peu importe leur nature (entreprise, fournisseur, expert, etc.) Créant ainsi une chaîne de valeur d’innovation ouverte.