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La culture de l’introspection au service du mieux-être au travail

Par Dominique Loroy

Cet article vous est proposé par Dominique Loroy, fondatrice de CAMILLE.

Dans la vie quotidienne, trouver du sens à son travail est une grande source de satisfaction et d’accomplissement personnel, que ce soit lié à l’activité exercée, aux valeurs de l’organisation ou encore au travail en équipe. Après l’explosion du burn-out (épuisement lié au stress professionnel), d’autres syndromes du mal-être au travail ont fait leur apparition comme le bore-out (épuisement par l’ennui) ou le brown-out (perte de sens au travail).

On le sait, ces souffrances au travail sont des sources d’épuisements physiques et surtout psychiques, qui ont un réel impact, autant sur l’individu que sur l’entreprise. Dans ce contexte, est-ce qu’une bonne hygiène d’attention à nos propres ressentis, à l’écoute des différents signaux précurseurs aurait pu éviter de foncer droit dans le mur ?

Une décision qui nous appartient 

Nous nous interrogeons très rarement sur notre état de santé et d’être. Est-ce parce que nous sommes en pilotage automatique ? Parce que nous sommes en mode métro-boulot-dodo ?

La plupart du temps, nous avons trop de sollicitations et de choses à gérer au quotidien, ce qui fait que notre charge mentale est fortement impactée. Cet état laisse peu de place à la faculté de nous entendre 
nous-même en conscience. Malgré une envie de pouvoir souffler, de prendre du temps pour nous, de donner du sens à cette course effrénée ou de tout simplement la stopper, nous restons dans cette dynamique vampirisante. Nous nous questionnons peu sur notre baromètre interne, sur nos émotions, sur nos besoins. Nous n'avons pas appris à être acteur-trice de cette révélation et nous ne connaissons pas clairement les outils qui existent à notre disposition. Nous interroger au plus profond de nous-mêmes, c’est une décision qui nous appartient, une habitude qui se développe.

Faire place à une culture de l’introspection pourrait être une piste à explorer pour nous permettre d’éviter ce mal-être. Le milieu de travail pourrait-il se positionner en tant qu’« éveilleur » si nous n’avons pas reçu cet enseignement de notre culture, de nos parents, de notre quête ?

L’introspection, qu’est-ce que c’est ?

De manière plus théorique, « l’introspection est un procédé psychologique où une personne procède à l’analyse ou à l’observation de ses émotions, de ses motivations, de ses sentiments. Cette capacité à faire le point sur soi-même et sur ses aspirations exige du recul pour faire preuve d’objectivité ». L’individu dispose ainsi d’un meilleur aperçu de ses connaissances et de sa manière d’être. L’introspection marque également un cheminement pour se remettre en question, et ainsi faire évoluer sa perception en considérant d’autres acquis que ses propres valeurs. Elle peut présenter une portée psychologique, philosophique et spirituelle.

Le travail d’introspection peut s’intégrer de différentes façons, par le développement de nouvelles habitudes telles que : 

  • Méditer : la méditation est l'une des méthodes les plus efficaces pour l'introspection. Prendre quelques minutes chaque jour pour s’asseoir en silence, fermer les yeux et se concentrer sur sa respiration ou sur un mantra. Cela peut aider à calmer l'esprit et à se connecter avec soi-même ;

  • Tenir un journal : écrire un journal personnel peut être un excellent moyen de réfléchir sur ses pensées, ses émotions et ses expériences. Prendre l'habitude d'écrire régulièrement sur ce que l’on ressent, ce qui est préoccupant et sur ses objectifs personnels ;

  • Établir une routine de relaxation : intégrer des techniques de relaxation dans sa routine quotidienne, comme la respiration profonde, la visualisation ou la relaxation musculaire progressive, pour réduire le stress et encourager l'introspection ;

  • Planifier des temps de solitude : s’accorder régulièrement du temps seul-e pour réfléchir, se détendre et se ressourcer. Loin des distractions, se connecter avec ses pensées et ses émotions ;

  • Éviter la surstimulation numérique : réduire le temps passé devant les écrans, les réseaux sociaux et les informations constantes pour créer de l'espace pour la réflexion personnelle ;

  • Pratiquer la gratitude : prendre l'habitude de noter chaque jour ce pour quoi nous sommes reconnaissant-e-s, ou en utilisant la technique des « Trois Belles Choses »**. Cela peut aider à développer une perspective positive et à mieux se connaître.

La pratique de l'introspection régulière peut améliorer la compréhension de soi, la gestion du stress et le bien-être émotionnel. L'important est de choisir les habitudes qui fonctionnent le mieux pour soi et de les intégrer dans sa vie quotidienne de manière cohérente.

Le rôle sociétal de l’entreprise

L’entreprise peut jouer un rôle favorable pour aider les employé-e-s à être plus à l’écoute de leurs ressentis. Elle peut mettre en place des initiatives favorisant les moments de calme et d’introspection, telles que :

  • Espace de méditation ou de relaxation : aménager un espace calme et apaisant où les employé-e-s peuvent se retirer pour méditer, se détendre ou simplement prendre quelques instants pour eux-mêmes ;

  • Pause : encourager les employé-e-s à prendre des pauses courtes au cours de la journée pour se déconnecter du travail, pratiquer des exercices de respiration, de cohérence cardiaque, s'étirer et se recentrer ;

  • Programme de pleine conscience ou de Psychologie Positive* : proposer des ateliers pour aider les employé-e-s à développer leur capacité d'attention, à gérer le stress, à favoriser la réflexion personnelle ou à devenir acteur-trice de leur vie.

  • Journées de congé pour la santé mentale : offrir des jours de congé spécifiquement dédiés à la santé mentale, où les employé-e-s peuvent prendre du temps pour eux-mêmes sans avoir à se justifier ;

  • Politique de communication ouverte : encourager la communication honnête et ouverte entre les employé-e-s et la direction, de sorte que les préoccupations et les besoins individuels soient pris en compte ;

  • Accès à des espaces extérieurs : si possible, fournir un accès à des espaces extérieurs où les employé-e-s peuvent prendre l'air, profiter de la nature et réfléchir.

Il est important de noter que l'introspection est un processus personnel, et chaque employé-e peut avoir des préférences et des besoins différents. Par conséquent, les employeurs doivent encourager un environnement qui respecte la diversité des besoins en matière de bien-être et qui offre des ressources variées pour soutenir l'introspection.

En conclusion, la souffrance au travail ne pourra s’améliorer que si les employé-e-s, employeurs et leaders d’entreprises travaillent ensemble, afin de coconstruire la santé et le mieux-être au travail. Pour les employé-e-s, cela passe par acquérir une meilleure écoute et conscience de soi, et, pour les employeurs, par un rôle d’influence positive et de support bienveillant. 

 


*Le mouvement de la Psychologie Positive, initié en 1998 par Martin Seligman, repose sur une solide recherche scientifique renforcée par l’essor des neurosciences. Son objectif est de découvrir et promouvoir les facteurs qui permettent aux individus, aux organisations et aux institutions de réaliser pleinement leurs potentiels de développement.

**« Trois Belles Choses » a été initialement développé par Tal Ben Shahar, enseignant en Psychologie Positive à l’Université d’Harvard. Entretenir la conscience de ce qui nous semble 
« beau » (agréable, ressourçant au travers de critères propre à chacun-e), contribue à nous nourrir positivement : un entraînement régulier à cet exercice vise à orienter positivement nos perceptions et à renforcer un intérieur porteur de bien-être et de sérénité.

 

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