Par Véronique Massin
Bénéficier des avantages liés à la flexibilité du travail est un luxe par les temps qui courent. Je veux dire, en bénéficier réellement.
Aujourd’hui, il est devenu monnaie courante qu’une entreprise promeuve (dans certains cas fasse miroiter) mille et une options pour offrir de bonnes conditions de travail à ses employé.es, et peut-être surtout à ses candidat.es à l’embauche. On parlera de diversité, d’inclusion, de mesures de flexibilité, de travail hybride, promesses de carrière qui ont du sens, de pratiques équitables, et j’en passe.
Et pourtant, combien d’employé.es bénéficieront réellement dans leur quotidien de ces atouts tant vantés dans ces tentatives d’attraction, voire de séduction marketing? Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit! Je suis convaincue que de nos jours, il est plus que nécessaire de prendre soin de ses employés et employées, gestionnaires y compris, et de leur offrir des mesures innovantes pour faire évoluer les façons de penser le travail d’aujourd’hui et de demain. Mais il est encore plus nécessaire de le faire dans une démarche sincère, authentique, consciente des changements que cela peut entrainer dans l’organisation et avec une bonne, très bonne dose d’écoute.
La permission de la nouveauté
C’est justement ce que j’ai trouvé au Groupe entreprises en santé, qui a si bien su se mettre à l’écoute des besoins de chacun et chacune. Un cadre a ainsi été posé pour la mise en place de mesures flexibles, suffisamment agile pour que chacun.e y trouve son compte. En amont de la période estivale, les échanges furent sincères au sein de l’organisation, généreux, bienveillants et éclairants, nous permettant non seulement une connexion toute spéciale entre collègues, mais également une reconnexion à soi et à ses propres besoins.
C’est ce qui m’a permis de passer un été un peu exceptionnel. En effet et pour la première fois après de nombreuses années de vie active, je me suis permis, et ce, sans culpabilité (ce qui constitue la clé de tout) de prendre mes congés d’été complétés par plusieurs semaines de télétravail depuis la France et la Belgique, d’où je tiens mes origines.
Pour la première fois, j’ai pris un billet d’avion pour une période bien plus longue que je n’en avais l’habitude. Six semaines pendant lesquelles j’ai pu non seulement tester le télétravail avec quelques heures de décalage horaire, mais aussi où j’ai pu passer du temps de qualité avec mes proches là-bas, être avec eux, vivre auprès eux, les soutenir quand il le fallait, ce qui ne m’a nullement empêché de continuer à rester connectée à mes collègues et d’être efficace sur mes dossiers.
La lenteur comme fil rouge
Pour la première fois, cette nouvelle façon de travailler m’a permis aussi de ralentir le rythme du voyage. Ma décision avait été prise de voyager en train, mon bilan carbone très alourdi par un aller-retour en avion me pesait déjà suffisamment sur la conscience. De fait, cette flexibilité offerte par mon employeur m’a permis de prendre le temps, et de moduler ma façon de voyager. C’est une façon de me déplacer qui me correspond plus, laissant la place à plus de lenteur, de conscience, de plaisir aussi. Être confortablement assise sur une banquette, à regarder les paysages qui défilent sous ses yeux sur des centaines de kilomètres, penser au temps passé avec les uns et les autres, s’en aller vers une nouvelle destination, tout en travaillant, ou se reposant selon le cas. Pour moi, c’est comme cela que j’idéalisais mon été, et c’est exactement comme cela qu’il s’est déroulé.
Je n’avais plus envie de me rendre simplement d’un point A à un point B, en courant à tout prix, maximisant chaque minute, condensant chaque seconde, m’essoufflant de ce rythme si absurde parfois pour une période que l’on appelle pourtant vacances1. Il fallait que tout passe coûte que coûte: famille, amis, visites, voyage et ressourcement (on pourra douter en effet de ce dernier point dans ces conditions). Je rentrais certes dépaysée, mais déjà avec un certain cumul de fatigue. À l’inverse, cette année j’aspirais plutôt à profiter de chaque instant du voyage, de chaque rencontre, de chaque endroit traversé, dans la lenteur et l’appréciation du moment présent.
Je m’émerveille encore de ce que cette période m’a fait découvrir, de l’ouverture que j’ai pu avoir sur ce qui m’entourait, des rencontres inattendues que j’ai pu faire, parfois aussi furtives que stimulantes, enrichissantes ou inspirantes. Et je suis convaincue que l’adoption de ce rythme plus lent y a très fortement contribué. C’est aussi sans compter les impacts très bénéfiques sur mon travail, en me faisant changer de perspective, ce qui me permit de démêler des nœuds dans lesquels j’étais coincée avant mon départ, rien qu’en travaillant différemment.
Et cette façon de travailler, tout en voyageant, je sais que je n’en aurais jamais eu l’opportunité dans des conditions de travail traditionnelles.
Tracer la route vers de nouvelles façons de travailler
Bien sûr, la frontière entre travail et vie personnelle s’est diluée pendant cette période, ce qui a demandé un peu d’ajustement. Grâce à leurs qualités d’ouverture, de curiosité, de confiance et de communication, mes précieuses collègues et ma direction n’en ont rendu cette période que plus facile, plaisante et déculpabilisante.
Je ne suis peut-être pas de celles qui pourraient travailler de longues périodes de cette façon, disons sur plusieurs mois, mais je suis de celles qui sont assurément les plus ferventes avocates de l’expérience en tant que telle. Vivre et travailler différemment, sans rien retirer de la qualité du travail rendu, de la satisfaction engendrée, et du ressourcement si apprécié. Être aligné sur ses besoins et sur ce qui a du sens pour soi.
C’est ce genre d’expérience qui me convainc, s’il eut été nécessaire, que la révolution du monde du travail est bien en marche, petit pas par petit pas. Le Groupe ES m’a offert une autre vision du temps, et ça, c’est un véritable luxe qui n’a pas de prix.
1Voir A. Moukheiber, PhD. https://bit.ly/3BIGjG9
