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Violence conjugale: quel est le rôle des milieux de travail?

Par Zeineb Khalfallah

Selon les résultats d’une enquête pancanadienne sur la violence conjugale et le milieu de travail nommée « Peut-on être en sécurité au travail quand on ne l’est pas à la maison », la violence conjugale coûte aux employeurs canadiens 77,9 millions $ par an. 

Selon cette même étude, 38 % des victimes ont indiqué que la violence conjugale les empêchait d'aller au bureau, 81,9 % ont déclaré que celle-ci avait nuit à leur performance (manque de concentration, fatigue, stress, anxiété, etc.), 31,1 % ont souligné qu'elle dégradait leur relation avec leurs collègues et 8,5 % ont affirmé avoir perdu leur travail pour cette raison. Les conséquences de ce fléau sont cependant beaucoup plus graves dans leur sphère personnelle, ce qui peut entraver la santé mentale et physique des victimes et de leurs proches. 

Le rôle des entreprises est bien évidemment de soutenir ces personnes et de ne surtout pas les blâmer ou minimiser leurs souffrances. Pour ces dernières, avoir un poste stable, un environnement de travail sain et une indépendance financière leur permettra de sortir plus rapidement du cycle de l’abus.

Par ailleurs, deux conclusions ont été soulevées dans l'enquête intitulée « Peut-on être en sécurité au travail quand on ne l’est pas à la maison »:
1)    Les femmes ayant des antécédents de violence conjugale ont une carrière atypique. Elles gagnent donc moins bien leur vie et ont souvent dû changer d’organisation. Elles occupent souvent des emplois occasionnels et à temps partiel.
2)    La vie professionnelle est la principale voie de sortie d’une relation de violence. La sécurité financière que procure un emploi peut aider les femmes à sortir de l’isolement créé par la violence conjugale et à conserver, autant que possible, leur domicile et leur niveau de vie, tant pour elles-mêmes que pour leurs enfants.

Mais comment les employeurs peuvent-ils/elles concrètement aider un-e membre de leur équipe victime de violence domestique?

Tout d’abord, qu’est-ce que la violence conjugale? 


La violence domestique (parfois appelée violence familiale, violence entre partenaires ou violence conjugale) est un comportement abusif, répétitif dont l’objectif est d’exercer un contrôle sur son/sa partenaire. 
La violence familiale ne se limite pas à l’abus physique, mais peut également être psychologique, verbale, financière ou sexuelle. 
Depuis l’apparition des médias sociaux, la violence entre partenaires intimes s’est également étendue sur internet ; On parle ici de cyberviolence.

La violence domestique n’a ni religion, ni origine ethnique, ni classe sociale, ni genre. Elle touche tout le monde. Cependant, selon Statistique Canada, la majorité des victimes de violence conjugale sont des femmes. En 2011, les femmes représentaient 80 % des cas de violence conjugale signalés par la police. 

De même, tant les hommes que les femmes peuvent être agresseurs-euses. En revanche, 98% des violeurs-euses domestiques sont des hommes.

S’informer et s’outiller pour prévenir l’impact de la violence conjugale sur les membres de l’équipe

Afin de prévenir l’impact de la violence conjugale sur la santé des travailleurs-euses, les dirigeant-e-s devraient d’abord s’approprier le problème en s’informant auprès de sources fiables. Ceci leur permettra de bien détecter les premiers signaux de violence conjugale chez leurs employé-e-s, à savoir : 
•    Retrait social;
•    Des traces de violence physique;
•    Des appels personnels, intrusifs et fréquents durant les heures de travail;
•    Des visites personnelles, imprévisibles et bouleversantes sur le lieu de travail par le partenaire (ou l’ex-partenaire);
•    Baisse de productivité et mauvaise concentration;
•    Absentéisme.

Les chef-fe-s d’entreprise doivent non seulement s’informer, mais également former les gestionnaires sur le sujet. 

Selon une étude menée par la Society of Human Resource Management (SHRM), 65 % des organisations ne disposent pas d'une politique officielle de prévention de la violence au travail. Pour cette raison, les gestionnaires ne sont pas formé-e-s sur la manière d'aborder et de gérer de manière proactive les situations impliquant de la violence domestique. 

L’absence de sensibilisation, d’outils et d’une politique claire sur la gestion de la violence conjugale au sein des entreprises ne fera qu’aggraver l’état mental et physique de l’employé-e victime, ce qui aura des répercussions négatives sur sa carrière.

Créer un environnement de travail sécuritaire basé sur la confiance


La sécurité psychologique au sein des équipes de travail permettra aux employé-e-s d’aborder plus facilement des sujets tabous. 
En se sentant soutenu-e-s, entouré-e-s et écouté-e-s, les employé-e-s auront tendance à demander de l’aide et à se confier plus rapidement à leur gestionnaire.

Prôner l’altruisme 


Afin d’encourager les victimes à se confier, les leaders d’entreprise doivent encourager la solidarité au sein de l’entreprise. Par exemple, un-e collègue pourrait remplacer un-e autre pour que celui/celle-ci puisse prendre un congé sans que cela ne soit obligatoire. En faisant la promotion de comportements altruistes, les membres de l’équipe pourraient créer des liens de confiance qui leur permettront de s’ouvrir plus aisément en cas de problème dans la sphère personnelle.

Démontrer les relations saines


Les milieux de travail peuvent jouer un rôle important dans la construction de relations saines. Certaines victimes d’abus familiaux peuvent ne pas prendre conscience de ce que représente une relation toxique.
L’employeur peut leur apprendre à poser leurs limites au travail et à développer des relations équilibrées avec cette sphère de leur vie. 
Par exemple, les employeurs peuvent encourager les travailleurs-euses à se déconnecter durant leurs heures de repos, à demander de l’aide durant les périodes d’affluence et à savoir refuser des projets pour prendre soin sa santé mentale.

Nous espérons que ces conseils vous permettront de prévenir la violence conjugale au sein de vos équipes. Si un-e employé-e vous confie sa détresse en lien avec sa situation familiale, n’oubliez pas qu’il est de votre rôle de la protéger sur son lieu de travail et de l’orienter vers des organismes pouvant l’accompagner pour sortir du cycle de l’abus. 
 

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